top of page

🌊 Stage initiatique en voilier habitable, avec skippeur

DerniĂšre mise Ă  jour : 13 nov. 2021

🌬 « Le vent, sur ta joue, ressens-le »

Laurence, elle a les cheveux dorĂ©s comme le sable, les yeux encore plus clairs que sa MĂ©diterranĂ©e et elle t’embarque (oui toi, matelot avec ou sans expĂ©rience) sur son 13 mĂštres pour des virĂ©es en mer toutes plus riches les unes que les autres. Allez, tu nous suis ?


đŸ‘©â€âœˆïž Laurence, pour commencer, peux-tu nous parler un peu de toi ?


J'ai débuté ma vie sur l'eau dans la marine marchande, ai exercé plus de 20 ans le métier de skipper. DiplÎmée du capitaine 200 et 200 voile mais aussi préparatrice pour des coureurs en solitaire de renom, je suis devenue professionnelle sur des unités "classiques".

AprĂšs de nombreux milles, transatlantiques en course ou en convoyage, j'ai obtenu le brevet fĂ©dĂ©ral puis le brevet d’état option croisiĂšre jusqu'Ă  200 milles nautiques des cĂŽtes : ces diplĂŽmes vous assurent de mon sĂ©rieux et de mes capacitĂ©s d'encadrement.

Prendre ou re prendre confiance en soi, effectuer toutes les manoeuvres en sécurité et prévoir ses navigations par tous les temps. Je vous aiderai à franchir les étapes. Bienvenue à bord !



⚓ Lundi, 1er jour: Paris, HyĂšres et Laurence et Australis


4.30am 🌝 L’alarme du rĂ©veil nous fait signe, matelots de Paname, il faut se lever !

Voiture (Claire dort). 1er train (Claire bosse sur ses paniers anti-gaspi). 2Ăšme train (Claire bosse encore sur ses paniers). Nous arrivons en gare de HyĂšres, sous un soleil radieux,Thomas est heureux (Claire aussi).


Laurence arrive et nous fait grimper dans sa petite voiture. đŸ‘©â€âœˆïž Hop, direction le port de HyĂšres !


2.30pm 🏖 Nous voici arrivĂ©s Ă  (bon) port.

L’impatience est Ă  son comble : en effet, plus on avance sur les lattes tremblantes du ponton, plus nous savons que nous nous rapprochons
 d’Australis đŸ™†â€â™€ïž


Il est lĂ , tout au bout du ponton, sagement amarrĂ©, mais de toute Ă©vidence prĂȘt Ă  prendre la mer. Laurence nous propose un tour du propriĂ©taire, ainsi qu’un bon jus de citron. Et puis, pas de temps Ă  perdre, la mĂ©tĂ©o est calme, mais belle ! đŸ’Ș Allez moussaillons, filez faire le plein de vivres, on se retrouve d’ici une petite heure !


Une heure plus tard 👀 Laurence commence Ă  nous parler
 en chinois. Ben, oui, forcement, y a P.É.T.O.L.E. donc on ne va pas sortir la GV ni le gĂ©nois, pas vrai ?!


AprĂšs ce court moment de « OMG je vais G.A.L.É.R.E.R. », je me bouge et me souviens que je suis lĂ  pour apprendre ! Le moteur dĂ©marre au quart de tour aprĂšs un prĂ©chauffage attentionnĂ© (Laurence prend trĂšs bien soin de son bateau), nous larguons les amarres et les pendilles (hein, keskecĂ© ça encore ?!).



👉 Objectif de l’aprĂšs-midi, vu qu’il y a p.Ă©.t.o.l.e. : prise en main du bateau, un voilier habitable de 13 mĂštres de chez Beneteau construit en 1993, au moteur, dans la baie et au port (hein , vous ĂȘtes sĂ»rs ? 😬!).


Le bateau est stable, mesure 13m, pĂšse 7 tonnes, et nous offre une belle inertie qu’il va falloir apprendre Ă  maitriser. On tire des bords au moteur (je ne suis pas sĂ»re que cela se dise compte tenu du fait que nous soyons au moteur đŸ€”), apprenons Ă  virer, Ă  maintenir un cap et Ă  s’ar

rĂȘter, nez sur une marque spĂ©ciale, et au vent. Et bien, ce n’est pas Ă©vident, mais dĂ©jĂ , le plaisir prend le dessus. Le plaisir d’ĂȘtre sur l’eau, en mer, sur un bateau.


Laurence est pleine d'astuce, elle nous recommande par exemple de procĂ©der Ă  un tour de reconnaissance d’un port avant de s'y amarrer (utile pour un amarrage efficace et intelligent). Et dĂ©jĂ , elle nous confie les commandes : demi-tour serrĂ© entre les pontons, arrĂȘt Ă  la station service, observation du vent, du courant
. Nous terminons la journĂ©e crevĂ©s, notre vocabulaire enrichi d’une quinzaine de mots et termes dĂ©jĂ  et excitĂ©s comme des puces avec la journĂ©e qui nous attend demain !


À 6.25pm, aprĂšs avoir un peu errĂ© dans le charmant port de plaisance de HyĂšres, une douce musique italienne attire notre attention : c’est quoi cette jolie baraque à
 pizza ?!🍕 C’est chez Enzo ! Enzo fait les plus grosses pizze de MĂ©diterranĂ©e, et peut-ĂȘtre mĂȘme les meilleures (son accueil et sa sympathie leur donnant une saveur bien particuliĂšre...).


😮 Coucher ? 20h27 (pas de commentaire svp).

⚓ Mardi 26, 2Ăšme jour: premiĂšre navigation Ă  la voile


🌬 Il faut que je m’y mette, Ă  l’échelle de Beaufort, parce que lorsque Thomas me parle de Grand Frais, moi je pense que le vent va ĂȘtre grand ET frais
 ou qu’il va faire froid et je trouve cela...Ă©trange. En plus, Laurence emploie ls mĂȘmes mots đŸ€”


Mais vous allez voir, mon vocabulaire va s’enrichir de maniĂšre assez fofolle pendant ces 5 jours, ahah ! Et oui, aprĂšs 5 jours Ă  bord, je me fais moi aussi dĂ©sormais des ptis kiffs Ă  aller lire les avis de mĂ©tĂ©o affichĂ©s par la Capitainerie đŸ€™ (et plus tard, je vous dirais mĂȘme quelles applications de dingue j’ai tĂ©lĂ©chargĂ©es pour mieux surveiller la mer et son pote le vent).



đŸ‘©â€âœˆïž Donc, au matin de notre dĂ©part en mer, nous avons :

Échelle de Douglas (Ă©tat de la mer) : ridĂ©e, ou belle, mais certainement pas peu agitĂ©e (quoi que je ne sais plus trop 😅)

Échelle de Beaufort (force du vent) : trĂšs lĂ©gĂšre brise, qui doit ensuite Ă©voluer sur une jolie brise.


En Méditerranée, tout change et vite. Nous prenons donc la mer sur ces informations, avec pour objectif :

  • Un cap sur Porquerolles,

  • Des manoeuvres dans la baie et autour de l'Ăźle,

  • Une nuit au mouillage Ă  Port-Cro

  • Un retour au port le lendemain vers 16h

đŸ˜± Je n’ai jamais autant dĂ©sirĂ© le vent de toute ma vie : on le guette, on apprend Ă  savoir d’oĂč il vient, on remarque que lui aussi, il se dĂ©place. J’apprends Ă  l’aimer, encore plus lorsque Laurence me glisse ces quelques mots : « Le vent, sur ta joue, ressens-le ». Laurence est comme moi, comme nous, elle ressent la façon dont la nature vibre. Une nature certes pas toujours Ă©vidente Ă  comprendre, mais la ressentir est dĂ©jĂ  une façon de rĂ©-enchanter notre connexion avec elle, et c'est merveilleux.


đŸ€© La "matinĂ©e" se termine vers 16h : on n'arrĂȘte pas une seconde, assoiffĂ©s de vent et de manoeuvres, le vent se renforçant au fil de la journĂ©e ! Pour mieux comprendre ce phĂ©nomĂšne, j’ai trouvĂ© ce site super sympa : pour faire simple, la journĂ©e, le vent vient de la mer, la nuit il vient de la terre. On appelle ces vents "brise de mer" et "brise de terre". Ces vents de petite Ă©chelle sont engendrĂ©s par des diffĂ©rences localisĂ©es de pression et de tempĂ©rature.

Laurence est gĂ©niale car elle joue le jeu, certainement amusĂ©e de voir ses moussaillons Ă©merveillĂ©s par cette petite brise. Donc, on vire, on empanne, on lofe, on abat, on choque, on borde. Claire ! Donne-moi les 3 noms des cĂŽtĂ©s d’une voile ! Heu
 y a la chute, la gĂ©noise et le grain de riz, c’est bien ça đŸ€­ Hum, pas vraiment, ça c'est plutĂŽt une drĂŽle de recette...

đŸ„« 🍝SoirĂ©e Pasta rhum et compagnie đŸ„ƒ

Nous sommes au mouillage. Laurence nous a appris Ă  choisir le meilleur endroit pour ancrer : on privilĂ©gie les zones sableuses, on Ă©vite soigneusement la posidonie, cette plante Ă©tant le poumon de la MĂ©diterranĂ©e 💚



đŸ§œâ€â™€ïž Le bateau s’immobilise et là
 Elle est bleue, turquoise, que dis-je, elle est transparente ! 💩Et regarde, par ici, les poissons viennent nous saluer, peut-ĂȘtre mĂȘme nous invitent-ils Ă  venir les rejoindre ?! 26 octobre 2021, nous nous joignons Ă  eux dans cette eau, dans notre Ă©lĂ©ment.


Rhum arrangé de Bretagne (gniii), Pasta, un ou deux derniers baisers au soleil et à la mer, et hop, nous rejoignons nos pénates. La journée de demain sera certainement sportive, vent et mer s'annonçant moins calmes.


đŸ€« Vers 5am, nous entendrons Laurence se lever pour ajouter quelques mĂštres de chaine au fond de l’eau : anticipation et sĂ©curitĂ© priment. Je comprends alors que le bateau a le droit Ă  plus de repos que Laurence, et qu'au mouillage, il n'est pas vraiment possible de dormir 10h consĂ©cutives (ça va ĂȘtre chaud, les quarts !)


⚓ Mercredi, 3Ăšme jour : Bregancon et navigation


☕ J’allume la gaziniĂšre avec une petit allumette, fais chauffer l’eau et hop, coffee is ready ! Dehors, le vent ne semble pas aussi fort que prĂ©vu, ce qui est une bonne nouvelle, nous allons pouvoir naviguer et sortir les voiles encore aujourd’hui, je pense ! Cela paraĂźt tout bĂȘte mais choisir une voile est technique, prĂ©cis, on parie mĂȘme un peu parfois sur l'Ă©volution de la mĂ©tĂ©o. Grand voile, ris, gĂ©nois, les combinaisons sont nombreuses !


Semper avanti ! Avant chaque dĂ©part, Ă  tour de rĂŽle, nous apprenons Ă  hisser la grand voile, Ă  dĂ©rouler le gĂ©nois (47m2 de surface de voile, quand mĂȘme !), toujours sous le regard attentif, attentif et bienveillant de Laurence. 💃 Lorsque l’un d’entre-nous est en charge de la voilure, l’autre est gĂ©nĂ©ralement du cĂŽtĂ© de l’ancre. đŸ•ș Nous touchons Ă  tout, participons Ă  tout, faisons des erreurs
 et apprenons encore plus vite ainsi. Tout est concret, les apprentissages thĂ©oriques Ă©tant trĂšs rapidement appliquĂ©s en vrai Ă  bord de l’Australis !


🌞 Pause au fort de Bregancon pour une baignade en guise de pause dĂ©jeuner (elle est pas belle la vie, en ce 27 octobre ?!) 🌮 L’eau est aussi bonne et belle qu’hier, et pendant que je nage autours du bateau (j’adore nager autours des bateaux, un peu comme un poisson rouge dans son bocal), Thomas ne peut s’empĂȘcher de faire son poisson nettoyeur, plongeant sous la carĂšne afin de chasser les derniers petits coquillages revenus coloniser la coque depuis le dernier nettoyage de Laurence 🐟

đŸ„ł L’aprĂšs-midi, nous allons beaucoup virer, un peu empanner, portĂ©s par un vent 💹 Nous ajustons nos gestes, apprenons Ă  parler (parĂ© Ă  virer ?!). Nous sentons dĂ©jĂ  que nous allons autant aimer les balades paisibles aux grĂ©s des flots
 que les folles nav’ par vent frais ! (vent force 6 sur l'Ă©chelle de mon pote Beaufort).


⚓ Jeudi, 4Ăšme jour : sagesse et mathĂ©matiques

« J’apprends Ă  utiliser la science, Ă  accepter ses rĂšgles, et cela fait du bien Ă  ma cervelle de sauvageonne ».


🌬 Échelle de Beaufort : grand frais, on ne sort pas.

Moi je ne parlerais pas de Grand Frais mais clairement de météo pourrie.


InquiĂšte de m'ennuyer a premier abord, je suis au final contente de vivre cette frustration de ne pouvoir sortir en mer. J'Ă©coute les Ă©lĂ©ments, la mer, le vent, et non, la petite humaine que je suis ne peut pas rivaliser avec eux ! J’apprends, de nouveaux termes, de nouveaux mots, que je n'aurais jamais appris sinon. â˜ș


On ne sort pas de la journĂ©e, et bien au chaud dans notre carrĂ© on aborde la mĂ©tĂ©o et rĂ©visons quelques manoeuvres de base, mais aussi plus complexes. La science m’invite Ă  observer la nature.


☁ Donc, maintenant je sais qu’il est possible de dĂ©chiffrer le langage des nuages. Je sais ce qu’est un talweg, comprends dans quel sens tourne une dĂ©pression. Les termes d’échelles de Beaufort et de Douglas sont intĂ©grĂ©es, je sais Ă  quoi ils correspondent et servent : ils sont lĂ  pour me protĂ©ger et me rappeler que l’instinct compte, mais qu’ils comptent davantage encore 🍀

J’accepte d’écouter la science et ses rĂšgles, et cela fait du bien Ă  ma cervelle de sauvageonne.


Évidemment, j’ai parfois besoin de sortir prendre l’air, de courir, voir mĂȘme de parcourir le ponton en fentes (avec mes bottes Aigle rouges et ma polaire rose Queshua, ouep, on assume le look jusqu’au bout (du ponton donc)). 🐙

⚓ Vendredi, 5Ăšme jour : navigation par Vent Frais et thĂ©orie


🌬Échelle de Beaufort : vent frais le matin, qui va certainement se renforcer dans la journĂ©e.


Pas une minute Ă  perdre, ce matin, nous avons le temps de sortir tirer quelques bords dans la baie ! Nous espĂ©rons pouvoir piqueniquer sur Porquerolles Ă  l’heure du dĂ©jeuner, tirer encore quelques bords ensuite et rĂ©aliser la manoeuvre de la mise Ă  la cape. Malheureusement, ce n’est pas nous qui dĂ©cidons le programme, et mĂȘme si Laurence fait de son mieux, elle non plus n’a pas trop son mot Ă  dire : vers 11h, en plein cap sur Porquerolles, des trombes d’eau, lĂ -bas, au loin, nous disent de RENTRER AU PORT ! đŸŒȘ



On vise le domaine du cap BĂ©nat, mais ce ne sera pas aussi simple et rapide que prĂ©vu : le vent tourne, il vient de travers, donc on vire, on louvoie, on se dĂ©brouille quoi et enfin, on rentre !💩 C'Ă©tait sportif, c'Ă©tait vivant, et cela nous conforte dans l'idĂ©e qu'un second stage sera nĂ©cessaire avant de prendre la mer Ă  deux.


🐒 L’aprĂšs-midi, nous redevenons des Ă©lĂšves dociles (d'ailleurs, Laurence nous trouve trop sages 😂). Thomas lui demande quelques exercices en prĂ©vision de son examen au permis hauturier (obtenu le 9 novembređŸ„ł). On aborde la mise Ă  la cape que nous n’avons pas pu rĂ©aliser en vrai (le gĂ©nois aurait dĂ©testĂ©, ça tombe bien pour lui 😇).


Nous terminons la semaine en beauté avec due pizze da portare via da
 Enzo, sicurammente !


📖Le soir, avant de me coucher, je plonge dans un superbe ouvrage de la petite fiancĂ©e de l'Atlantique, Florence Artaud : pas une page, pas une photo, pas un mot n'Ă©chappe Ă  mes yeux ; ce livre est merveilleux.

⚓ Samedi matin (6Ăšme et dernier jour) : questions et trajet sous des trombes d'eau !


Bon, pour cette journĂ©e, niveau voile et nav', il n'y a rien de trĂšs fun Ă  raconter si ce n'est que nous sommes super tristes de quitter Laurence et l'Australie, qu'un trajet retour hyper long nous attend et qu'il flotte non stop (Thomas finit d'ailleurs en slip sur le quai de la gare de HyĂšres...oh, que pendant quelques minutes seulement, mais quand mĂȘme).


🚅 TGV jusque Marseille, attente pendant 2h30 dans le froid de la Gare, et rebelote, TGV jusque Paris. ArrivĂ©s Ă  Paris, la flemme d'attendre le bus, nous partons donc Ă  pied rĂ©cupĂ©rer notre voiture, chaussĂ©s de nos bottes Aigles (Ă  la gare de Marseille, je me fais traiter de "bretonne" d'ailleurs par un bonhomme un peu trop alcoolisĂ©...😂).

On rentre, on allume le bilig et on se remémore tous nos bons moments passés là-bas, sur la Grande Bleue.



🌎 Ce sĂ©jour dans un environnement totalement nouveau (il faut que je vous raconte notre pĂ©riple en Van aussi !) a confirmĂ© notre sentiment que la vie est vraiment courte compte-tenu de tout ce qu'elle a a nous offrir, et que nous voulons donc en profiter, non pas en nous divertissant, mais en apprenant, et jamais au dĂ©triment de notre planĂšte. Nous souhaitons plus que jamais la protĂ©ger.


Aussi, nous avons beaucoup de projets en tĂȘte, il faut les prioriser mais Ă  partir d'aujourd'hui, nous ferons partie des solutions face aux challenges crĂ©es par le changement climatique. ⭐ Chaque soir, nous coucherons nos enfants heureux de ce que nous avons accompli pendant le jour, Ă  notre Ă©chelle.


Claire & Thomas, presque toujours sur l'eau



48 vues1 commentaire